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Hellfest 2019 : le gros report

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9ème année de Hellfest dans les pattes pour l’équipe Jack 3.5mm, on connait le site sous tous les angles, on commence à avoir nos tips. Faisons simple pour cette année : qu’est-ce que cette édition a apporté comme nouveautés ? Pas grand-chose, des petits ajustements par-ci par-là : la formule est maintenant ultra rodée et, à mon humble avis, ne subira pas de gros changements à l’avenir. Mais concernant la programmation, il s’est passé quoi ? Et là, pour le coup, pas mal de choses à dire, en vrac : The Ocean, Me First and the Gimme Gimmes, Cave In, Graveyard, Sisters of Mercy, Kiss, Cradle of Filth, Clutch, Def Leppard, Lynyrd Skynyrd, Gojira, envy, Slayer et enfin Tool.

Les têtes d’affiche, ça donnait quoi ?

Tool

Commençons par la fin, le dimanche soir, autour de minuit, et probablement le groupe qui a fait le plus monté la hype quant à une éventuelle venue au Hellfest ces dernières années : Tool. J’aime beaucoup Tool, mai soyons honnête, la promesse et l’attente n’était pas tout à fait à la hauteur du show. Déjà parce que c’était un concert calibré pour une grosse salle, pas pour l’extérieur avec plusieurs dizaine de milliers de personnes : si vous n’étiez pas dans les 50 premiers mètres, vous ne pouviez pas voir grand chose, si ce n’est les visuels diffusés. Pas de communication avec le public, on a l’image et le son et les lasers. C’était très sympa, et complètement cohérent par rapport à l’image que renvoie la formation, mais en deçà des attentes de beaucoup de gens je pense.

Sisters of Mercy

Grosse attente aussi pour moi du côté des Sisters of Mercy. Groupe illustre et iconique s’il en est, il fallait attendre le samedi soir pour découvrir (dans mon cas) la nouvelle formule des représentants de la scène goth. Un show avec des relents de boîte de nuit underground des années 80, mêlant nouveaux titres et des choses plus attendues, issues de leur album First and Last and Always. Ce n’était pas l’image que j’avais de ce groupe, mais, il faut bien l’avouer, ça tourne bien.

Kiss

Plusieurs fois que je vois Kiss au Hellfest : sans être incollable, j’ai pas mal usé leurs disques (à part les derniers que je connais beaucoup moins). Comme à son habitude, le gros show est là, la foule également, avec Gene Simmons qui crache du sang sur God of Thunder, le solo de batterie sur la plateforme, la guitare qui lance des feux d’artifice et la tyrolienne qui permet à Paul Stanley de rejoindre une plateforme au milieu de la foule sur Love Gun et I was made for loving you. Niveau setlist, Shout it loud, Calling Dr. Love, et beaucoup de leur dernier album, Monster. Je m’attendais à plus de nouveautés / plus de choses particulières pour le dernière tournée (enfin, présentée en tant que telle, en tout cas : « End of the Road World Tour »).

Gojira

Petite nouveauté au niveau programmation cette année : la journée du vendredi, consacrée à la scène française. En tête d’affiche, pour clôturer la journée, le fleuron de cette scène : Gojira. Un set ultra calé, comme à son habitude, et chose que je n’avais pas remarqué les fois précédentes où j’ai pu les voir :  des projections en fond de scène qui apportent pas mal au concert je trouve, en complétant et développant la musique. Gojira a bien monté depuis The Link, et le show est vraiment à la hauteur des autres grosses têtes d’affiches du week-end.

Lynyrd Skynyrd

Dimanche, dans la soirée, drapeaux sudistes dressés, chapeaux à plumes, choristes et piano à queue : pas de doute, on est bien devant Lynyrd Skynyrd. Un show avec pas mal de patate, entrecoupé d’hommages aux anciens membres du groupe, pour finir sur un Sweet Home Alabama, et au moment où tout le monde repartait, une intro au piano annonçant Free Bird, avec Johnny Van Zant chantant par dessus des images projetées de son frère Ronnie (chanteur originel du groupe, mort dans l’accident d’avion de 1977) qui chante le même morceau. 😭

Et dans les tentes, il se passait quoi ?

Cave In

Voir Cave In sur scène, après le décès de leur bassiste l’année dernière était assez important pour moi. Déjà parce que leur tout dernier album, composé à partir des lignes de basses enregistrées par leur défunt bassiste, me faisait me demander comment ils pouvaient concilier ça avec la scène : pas de bassiste (avec les lignes recrachées par la sono quoi) ? ça n’aurait pas été satisfaisant. On débarque à la Valley le samedi après-midi pour voir comment ça va se passer. La solution était à la fois plus simple et vraiment appropriée, je trouve, puisque c’est Nate Newton qui les dépanne sur ce coup. Ce qui a du sens, vu la relation qu’entretient Cave In avec Converge depuis de nombreuses années, et le fait que leur bassiste a tout ce qu’il faut pour faire le boulot, tant au niveau de la basse que du chant. Par contre, un gros manque de communication à noter, avec des blancs de plusieurs minutes pendant que le groupe se réaccorde et un son assez crade (on y reviendra plus tard).

Graveyard

Grosse attente de mon côté pour Graveyard : un groupe que j’aime beaucoup et que je n’ai jamais vu, proposant un blues bien énervé, pour faire simple. C’était vendredi 18h à la Valley, avec un gros point noir : le son vraiment bordélique. On comprend pas grand chose, même en connaissant les morceaux. La performance du groupe ne semble pas à mettre en cause, si on prête l’oreille pour entendre chaque instrument, le contrat est rempli et le show est cohérent, mais un ingé son en bois peut facilement plomber tout ça. On se raccroche à ce qu’on peut : c’est Graveyard, je veux bien faire l’effort. Certains tubes pointent le bout de leur nez, comme The Siren ou Please Don’t.

The Ocean

Restons encore à la Valley, le samedi en fin d’après-midi, la scène souffre toujours d’un son mi-figue mi-raisin. Ça semble se corriger un peu avec The Ocean, et heureusement, le groupe allemand étant assez à cheval sur son son. Visiblement, le groupe s’est fait une très bonne place sur la scène métal prog (pour résumer) puisque la Valley se remplit bien et ne désemplie pas du concert. Le public est au taquet et suit le groupe note à note, notamment sur un morceau comme Firmament, qui a scotché tout le monde. Une bonne petite claque.

envy

Bon, j’aime beaucoup envy. C’est assez compliqué de trouver des morceaux de merde chez envy, il faut se lever assez tôt. Je les ai vu plusieurs fois, en salle et en festival. J’en attendais pas énormément : je savais que j’allais passer un bon moment avec des morceaux que j’aime bien. J’aurais du mal à dire pourquoi, mais ce n’est pas ce qui s’est passé : c’était une grosse grosse claque. Samedi soir à la Valley, les problèmes de sons semblent réglés et tout le monde en prend plein la gueule. Le public suit chaque note, le groupe alterne (comme en album) les passages plus posés avec des envolés vraiment puissantes. Sur scène on passe du calme absolu au bordel complet. Ils ont vraiment tout donné. Franchement, rétrospectivement, c’était le concert à voir du week-end, largement au-dessus, pour moi (puisqu’objectivement c’est pas trop comparable) de Tool.

Me first and the Gimme Gimmes

Tant qu’on est à parler de grosse claque, peut on parler de Me First and the Gimme Gimmes, le supergroupe de baloche de chez Fat Wreck Chords (Nofx, Lagwagon, etc.) à la Warzone le vendredi soir ? Non, on peut pas. Le line-up ne remplit pas les attentes, le son est vraiment pas top et après une reprise de Do you believe?, de Cher, on se rend compte que le groupe sur scène n’est qu’une pâle copie du groupe sur CD. Grosse déception.

Clutch

Clutch sur une mainstage en plein caniard le dimanche à 16h ? Je prends. Clutch, c’est cool, ça groove, tout ça. Effectivement, dans la fosse c’était le bordel joyeux, entre danse et wall of death. On regarde tout ça de loin, trop vieux pour ces conneries. Mais ceci dit, un concert qui fait le boulot, mais s’arrête vraiment subitement, après 40 minutes de set : on ne sait pas s’il s’agit d’un imprévu ou la fin « normale » du set. Soit.

Au final, on en retire quoi de cette année ?

2019, un très bon cru ? Oui sans doute. Peu de nouveauté au niveau du site en lui-même, mais bon, je vois pas ce qu’on peut faire de plus au bout d’un moment pour le confort des festivaliers. L’objectif principal reste quand même le programme, et personnellement, j’y ai bien trouvé mon compte, que se soit avec des groupes cultes, genre Sisters of Mercy, des redécouvertes, comme envy.

La  chose à noter est une tendance qui devient de plus en plus évidente, au fur et à mesure des années : le changement de public. Il n’est pas rare aujourd’hui de participer à des discussions, sur le site même où ailleurs, dont le thème serait : « ouais c’est cool le Hellfest, mais j’ai plus l’impression d’être à un festival de métal ». Effectivement, si on fait un échantillon du public de cette année, on est loin du bon vieux métalleu à la veste en jean patchée au point qu’on ne voit plus le jean, et on se rapproche plus de monsieur tout le monde en balade avec ses enfants.

C’est un choix qui a été fait il y a un moment et qui commence à vraiment se ressentir : ce n’est plus un festival de niche, c’est un festival ouvert à tout le monde. On aime ou on aime pas : d’un côté, certains diront que le métal est par nature une musique marginale, et cette vision grand public a tendance à faire perdre cette nature au métal. De l’autre côté, on pourrait se dire que le Hellfest n’est pas un festival métal (puisque de nombreux styles y cohabitent) et que cette surexposition peut profiter à mettre en avant des groupes dont on parle jamais ou encore à faire la lumière sur un pan de la culture reléguée au second plan pendant plusieurs décennies. Dans tous les cas, c’est un parti à prendre, on y adhère ou pas.

En définitive, de mon point de vue, ça a encore été une très bonne année. Épargnée par le temps, on a pu voir des groupes de qualité, jouer dans de bonnes conditions, n’en déplaise à Manowar, au milieu d’une programmation hétéroclite et tout ça sur un site quand même super confortable : c’est pas ça le boulot d’un festival de musique ?


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Enguerran a aidé Pierre à lancer Jack 3.5mm et y contribue régulièrement, en publiant des chroniques d'albums, du test de matos et gère toute la machinerie du site. A côté de ça, il est designer et développeur web indépendant.

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